Le pâtre
- Pierre O. Desautourre
- 31 déc. 2021
- 1 min de lecture
VI
Quelques jours après la votation défavorable à la fusion communale le laie - le groupe des amis de l’isolement éclatant - décidait de fêter cet événement. Cela devrait être une fête "hors normes et grandiose" comme ils disaient. Il était prévu de reprendre les cérémonies et les coutumes de la célébration de l’anniversaire du village qui se déroulait normalement trois semaines plus tard. Toutes les années, depuis la nuit des temps, les villageois allumaient des torches devant leurs maisons et dressaient des tables à l’entrée pour offrir un verre de vin. Les enfants allaient de maison en maison pour chanter des chansons et sur la place du village un groupe de jeunes gens jouaient des scènes d’une pièce de théâtre.
L’homme d’affaires qui dirigeait le laie finançait un cortège organisé par une entreprise. Celui-ci était composé d’une vingtaine d’hommes et de femmes habillés d’un t-shirt gris décoré avec des fleurs exotiques. Chacune et chacun portait sur ses épaules un bâton en bois rembourré de cuir noir fixé avec des clous dorés. A chaque côté du bâton une casserole -une cocotte-minute, plus précisément- et un couvercle étaient fixés avec une corde séparément. Quand ces personnes se mirent en marche les pièces de métal frottaient les uns contre les autres ce qui provoqua un claquement infernal. Les enfants rentrèrent effrayés dans maisons, les tables avec le vin et les friandises furent rangées en hâte et les gens gagnaient leurs appartements pour se protéger du bruit.
A partir de ce jour une grande partie des gens refusèrent de fêter l’anniversaire de la bourgade.
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