Le Pâtre
- Pierre O. Desautourre
- 18 déc. 2021
- 2 min de lecture
IV
Notre promenade continue. Maintenant la femme descend dans la neige jusqu’aux genoux laissant des traces derrière elle. Une ligne sinueuse apparaît avec des boucles qui deviennent toujours plus serrées à fur et à mesure que la promeneuse s’avance en direction des rochers. Elle est à peine visible depuis le village. On voit juste un petit point noir qui bouge toujours plus lentement avant de disparaître totalement derrière un groupe de genévriers. La dame se penche pour piquer quelques baies, mais elles sont gelées et inconsommables. Avant de se redresser elle est prise par une sensation soudaine comme si elle était éblouie par une lumière intense. Elle sent que ses yeux s’ouvrent grandement pour un tout petit moment comme si elle était dans l’état d’un grand étonnement. Pourtant il y a peu de lumière, la vallée est envahie par l’ombre et le soleil s’approche des crêtes de la montagne pour se coucher.
Lors du scrutin la population refusait finalement de participer au projet de la commune des Etoiles. Une période de grandes difficultés commençait alors pour les gens du village. D’un coup on se rendit compte à quel point on dépendait des services des collectivités avoisinantes. Il fallait changer les horaires de l’école primaire et changer les trajets de bus. Les heures de travail du chauffeur furent réduites. Ce dernier démissionna. Son budget ne lui permettait pas de travailler à temps partiel. Il était impossible de trouver un remplaçant. Le président décidait alors de supprimer le service. Les parents se mettaient en grande colère. Le médecin ferma son cabinet et s’installa avec ses enfants en ville. Les rues et les places étaient désertes et les gens ne se parlaient plus. Un temps de silence s’ensuivait.
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