Le dîner des imbéciles

(récit rédigé par Pierre Olivier Desautourre)

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Pendant que les discussions en bas prenaient leur cours, je continuais à me poser des questions à savoir comment je pourrais sortir de ce piège. J’aurais pu crier à haute voix, taper sur le plancher avec les mains. Ils m’auraient certainement remarqué et avisé le personnel pour me libérer de ma souffrance. Mais probablement je ne souffrais pas trop, pas encore et ne ressentais pas d’angoisse du tout. La curiosité était plus forte.

Le suspense de cette situation pimentait ma petite vie de journaliste qui cherchait la balance entre des faits divers insignifiants et des commentaires sur la politique locale. La question de connaître l’identité de cette femme qui me téléphonait cet après-midi me passionnait plus que de savoir si tel ou tel rond-point de la ville sera enfin assaini. N’avais - je pas encore entendu sa voix quelque part, peut-être même à la télévision ou lors d’une émission de radio. D’un coup sa voix me semblait familier. Une personne publique ? L’histoire avec l’équipe de nettoyage n’était - elle qu’une blague ?

Mes réflexions furent interrompues par un cri :

-Vous arrêtez de parler de ces ouvriers off-shore, ce n’était pas mon idée.

-Je me ne lasse pas de vous exhorter à chiffrer vos interventions, soupira la dame.

-On a transporté le moulin à l’étranger pour le réparer, corrigea l’homme qui portait une veste bleue.

-Malheureusement les documents d’accompagnement sont disparus et on fait le nécessaire pour éviter des frais supplémentaires, continua le monsieur à côté.

-Donc un dossier fictif ? s’étonna la dame d’un regard d’innocence affichée

-Respectez le code, madame, s’il vous plaît, nous sommes probablement écoutés, l’interrompirent les autres participants en chœur.

-Ah oui, le code, c’est vrai j’ai oublié, le code,  passez - moi la boîte avec les pilules, jeune homme s’il vous plaît.