Le cercle des amis
- Pierre O. Desautourre
- 25 mars 2019
- 2 min de lecture
(roman-feuilleton rédigée par Pierre Olivier Desautourre)
Episode 2 (suite) En face du bâtiment du théâtre de la ville. Les quatre vieillards sont toujours occupés avec leurs portables. La femme et la petite fille se sont assises quelques mètres plus loin sur une caisse en carton, probablement un emballage d’une machine à laver oublié par l’installateur qui a remplacé les machines dans un vieil immeuble du quartier.
La rue commença à s’animer. Il y avait de plus en plus de voitures qui passaient et qui s’arrêtaient à côté de l’entrée principale du théâtre. Des gens bien habillées et en bonne humeur sortirent des taxis. On entendit des rires et des exclamations joyeuses dans l’attente d’un beau spectacle.
-Il y a plus que vingt ans que j’assistai à un spectacle dans une telle salle pour la dernière fois, réfléchit Charles à haute voix. Les accès à la salle principale me parurent alors comme des installations pour gérer les files d’attente devant une remontée mécanique à la montagne. Dans la salle même, les chaises furent arrangées comme dans une salle d’instruction d’une académie militaire quelque part en Europe ou encore comme dans un auditoire d’une faculté de médecine ou de droit d’une université sans moyens financiers.
Je fus assis au milieu de la rangée, les espaces entre les chaises furent si étroites que je ne fus pas en mesure d’allonger mes jambes et le bruit du spectacle musical était si fort que je fus pris d’un malaise. Il fallut sortir immédiatement. Pourtant ma discrétion m’interdit de forcer mes voisines à se lever. Je fis donc mon chemin à quatre pattes sous les chaises et entre les jambes des spectateurs.
-Je te vois tout-à-fait dans cette situation, rigola Marcel, d’autant plus je m’étonne que tu as le courage de nous accompagner cette fois. J’espère que cet incident ne se reproduira pas ce soir.
La petite fille se leva de la caisse en carton où elle s’était assise avec sa mère et ramassa des branchettes de bois dispersées par le vent sur le trottoir. Puis elle courut vers une Renault bleue qui s’arrêta près d’elle pour laisser descendre les passagers.
-Assassins, cria-t-elle et lança les branchettes vers le groupe qui sortait de la voiture.
Sa mère la retint et s’excusa auprès des gens. Claude tourna la tête et observa l’incident avant de remarquer.
-Le feuilletoniste sur le site internet ne parle pas de blessés après l’explosion.
-Non, pas à présent. Alors, il ne le sait pas. Il ne connaît donc pas le rapport du médecin des urgences. Quelle chance.
-Quel rapport ? demanda Robert. Personne ne m’en a jamais parlé. Mais je pense que ce rapport n’existe pas comme le constat médical de ce jeune homme duquel la moto avait été vandalisée n’existe pas non plus. Ce sont des idées fantaisistes. La réalité est toute autre.
-Quelle réalité ? murmuraient les trois autres vieillards. Quelle réalité ?
A suivre…
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