Le cercle des amis

(roman-feuilleton rédigé par Pierre-Olivier Desautourre)

Episode 6 (suite) Manoir Ste Marguerite. Charles se trouve toujours derrière son ordinateur portable pour rédiger son testament. En face de lui, Robert essaie de souligner ses propos avec des gestes vives et disproportionnées. Charles le regarde d’une manière soucieuse et cache son visage derrière l’écran comme s’il voulait se protéger de son interlocuteur.

-Après l’incident lors de la soirée à la cabane, nous nous sommes mis ensemble pour faire une reconstruction de ce qui s’était passée. Il y avait Claude, moi et deux autres personnes. Cela fut une précaution pour éviter des contradictions lors d’une enquête policière éventuelle. Tu sais que Sylvain me ressemble beaucoup et il est à peu près de mon âge. Et d’après cette reconstruction, il aurait quitté la soirée un peu avant pour se rendre à une autre fête. Là, il aurait été vu par un témoin. Moi, par contre, j’aurais été vu à la fête de la cabane plus tard en soirée encore. En réalité, je suis parti bien avant. Je fus le premier qui partait, car je m’ennuyais de m’entretenir avec des gens qui n’avaient rien d’autre dans la tête que le désir de s’alcooliser. Je ne me souviens plus exactement de ce qui s’était passé ensuite. Pourtant, mon père me dit que je rentrais avant minuit et que j’avais l’air un peu confus, expliqua Robert en s’excitant de plus en plus.

On entendit frapper à la porte. Charles se leva pour l’ouvrir. Sophie entra dans la pièce pour vider les poubelles. Elle ouvrit la fenêtre pour faire entrer l’air frais. Robert frissonna et se tut pour un moment. Sophie prit la poubelle en plastique rouge-rose et quitta la chambre silencieusement.

-Ah, je vois, un trou de mémoire. Pourtant, de la fête tu te souviens assez bien et également de la rencontre avec ton père à la maison. Mais ce qui s’est passé entre ces deux incidents semble être effacé dans ton cerveau. C’est bizarre, n’est-ce pas ? se demanda Charles.

-Bien-sûr, bien-sûr, ça m’a toujours préoccupé énormément, mais je ne pouvais pas imaginer que moi…

-Que toi, tu aurais… continue !

-pu être l’auteur d’un tel acte atroce. Moi qui déteste toute contrainte et violence du fond du cœur.

-Mais cette soirée-là, c’était différent, n’est-ce pas ?

-Pourquoi différent ? Comment pourrais-je le savoir, puisque je ne me souviens de plus rien. Sauf que Sylvain fut présent et qu’il partait plutôt, bien avant que l’incident se produisit. C’était donc à lui de s’expliquer.

-Ah bon,

A suivre…